Goldman à l'origine
C’est LE MONUMENT de la musique. L’artiste par excellence à mes yeux. Mon père l’adore et j’ai presqu’été « contaminé » par son engouement pour son travail. Il faut dire que très peu d’artistes inscrivent ainsi leur succès dans la durée et avec une discographie aussi riche. L’un de ses points forts reste sans aucun doute la beauté de ses textes qui lui a valu d’ailleurs d’être très souvent associé à de nombreux projets musicaux aux côtés d’autres grands noms de la musique. Certaines chansons sont comme des « bandes originales » de certains évènements de ma vie. Consacrer un pan de mon blog à la musique sans lui accorder un article serait comme occulter l’une des principales influences musicales de ma vie. J’ai donc souhaité remonter à l’origine de cette brillante carrière musicale.
C'est le 11 octobre 1951, dans le 19e arrondissement parisien, que Jean-Jacques GOLDMAN voit le jour. A l’âge de 11 ans ses parents lui font apprendre le violon puis le piano, mais il le fait sans conviction. C’est à 14 ans que son premier choc musical se produit. Il se nomme Aretha Franklin. Il déclarera à ce propos : « Avec « Think », j'étais touché par une atmosphère, un plaisir non intellectuel, absolument pas raisonné, complètement physique, comme une expérience amoureuse... ». Jean-Jacques abandonne le violon et se met à la guitare, il entame alors sa carrière de musicien amateur.
Il rejoint un groupe débutant « Les Red Mountain Gospellers » créé en 1966 et composé de copains de lycée qui se produisent dans l'église St Joseph de Montrouge. Le groupe marche si bien que le père Dufourmantelle, prêtre jeune et dynamique de la paroisse, va jusqu'à « mouiller sa soutane » pour financer leur premier disque autoproduit. Après avoir joué dans les bals avec plusieurs groupes, Jean-Jacques fait son baptême de la scène avec les « Phallanster » au Golf Drouot. Deux des anciens membres du groupe feront partie des Gibson Brothers, groupe disco qui connaîtra un gros succès dans les années 79/80. En 1974/1975 Jean-Jacques effectue son service militaire dans l'armée de l'air. Quelques mois après son retour il épousera Catherine qui deviendra psychologue. 1975 est aussi l'année Taï Phong. Taï Phong dont le nom signifie « Grand vent » en vietnamien est né de deux frères Khanh et Taï qui ont l'idée d'un groupe dont la musique rock néo-symphonique n'aurait rien à envier aux grands groupes anglo-saxons de l'époque. Ils rencontrent Jean-Jacques par hasard et sont immédiatement séduits par son évidente compétence musicale mais aussi et surtout par ses capacités vocales dans les aigus, qui collent tout à fait à leur musique. Taï Phong est rejoint pour sa composition définitive par Jean-Alain Gardet (claviers) et Stéphane Causseriev (batterie). Chacun partage l'idée initiale de chanter en anglais et de livrer aux maisons de disques des maquettes très élaborées, conséquence d'un goût certain pour le travail bien fait et d'une passion pour le travail en studio. C'est chez WEA que le groupe choisit de sortir son premier album.
Après le succès fulgurant de « Sister Jane » et du premier 33 tours, l'intérêt du public fléchit et se profile d'ores et déjà des divergences musicales. Le groupe décide de partir en tournée mais Jean-Jacques Goldman ne se sent pas prêt pour ça. C'est à ce moment-là qu'il rencontre Michael JONES venu le remplacer au sein du groupe. Cette rencontre marque le début d'une vraie amitié entre les deux hommes.
Au total, l'aventure Taï Phong s'échelonne sur quatre ans. Les membres du groupe ressentent alors avec certitude que l'avenir de chacun ne passe plus par Taï Phong et que la seule solution est la séparation.
Parallèlement à Taï Phong, Jean-Jacques enregistre trois 45 tours en solo, tentatives peu convaincantes.
1977, naissance de Caroline, la première fille de Jean-Jacques et Catherine. Naîtra ensuite, Michael en 1979.
Jean-Jacques est bouleversé en entendant chanter Léo Ferré. C'est en venant écouter le groupe qui faisait la première partie du spectacle que Goldman découvre qu'il peut être touché par des textes en français. C'est donc tout naturellement qu'il commencera sa carrière solo avec des textes en français sur des musiques très largement inspirées des sons anglo-saxons qu'il affectionne.
En 1980, Jean-Jacques, quelque peu désorienté par la fin de Taï Phong, se persuade qu'il ne jouera désormais que pour lui. Il continue cependant à travailler dans le magasin de sport de son frère sans en être mécontent. Le hasard veut qu'il tombe sur un ami qui cherche une chanson pour lancer une jeune fille. Jean-Jacques offre quelques-unes de ses compositions dont « Il suffira d'un signe ». Cette tentative sera sans suite sauf pour Marc Lumbroso qui repère alors l'auteur-compositeur.
Faute de pouvoir trouver des interprètes pour ses chansons, Jean-Jacques devient chanteur par obligation en signant en 1981 un contrat pour cinq albums sous le label Epic chez CBS. Le tout premier album de Jean-Jacques Goldman en solo sort à la fin de l'année 1981. L'épopée sans précédent d'une « idole des jeunes » pas comme les autres peut commencer... Ce premier album n'a pas de titre, mais aurait pu s'intituler « Démodé ». Tel était d'ailleurs le vœu de Goldman, conscient du décalage sonore entre sa production et celle des groupes de l'époque. Sa musique est essentiellement inspirée des années 70/75 trouvant ses sources dans le son anglo-saxon de ces années-là, donc pas très moderne. Ce premier album plantera le décor sonore auquel Jean-Jacques restera fidèle tout au long de sa carrière; le « Style Goldman » est né ! Indiscutablement, les textes révèlent un auteur à part dans le paysage de la chanson française. Goldman tourne le dos à une certaine tradition. Il ne glorifie pas la rue, la laideur, la crasse ou la violence qui nourrissaient jusque-là un certain type de chansons « nouvelles ». Tout l'album se construit autour du malaise personnel du chanteur mais aussi à son incapacité à s'adapter à la société qui va jusqu'au refus de se conformer à l'ordre établi. Croyance forcenée en l'individu, rejet des solutions collectives, la philosophie du chanteur se trouve en ces termes. Il va s'employer à l'argumenter d'album en album.
Il faut aussi évoquer son timbre de voix bien particulier. Habitué à interpréter ses textes en anglais, sa tessiture de voix très aiguë a du mal à s'accorder avec le français. Par la suite, Goldman reprendra ses premiers titres en les baissant de deux à trois tons.
Ces principaux albums sont à ce jour :
- Minoritaire en 1983
- Positif en 1984
- Non homologué en 1985
- En public en 1986
- Entre gris clair et gris foncé en 1987 (p’tit clin d’œil à Lilie)
- Traces en 1989
- Fredericks-Goldman-Jones (par ordre alphabétique) en 1990 (mon préféré)
- Rouge en 1993 (toujours avec Fredericks et Jones)
- Du New Morning au Zenith en 1995
- En passant en 1997
- Chansons pour les pieds en 2001
- Un tour ensemble en 2003
Jean-Jacques Goldman a aussi mis son talent aux services d’autres artistes en tant qu’auteur-compositeur. C’est le cas pour Patricia Kaas, Philippe Lavil, Robert Charlebois, Gildas Arzel, Florent Pagny, Khaled, Céline Dion, Johnny Hallyday (merci Lilie ) ou Carole Fredericks.
Il appartient à cette dimension d’artistes dont les œuvres défient le temps. Ses textes restent d’actualité, il suffit pour cela de voir combien de fois ses succès ont été repris par de nombreux interprètes. J’me répète probablement mais il représente pour moi ce qu’il y a de mieux dans le patrimoine musical français et je tenais ici à lui rendre en quelque sorte hommage.