Les Yakuzas au grand cœur
Depuis la catastrophe naturelle qui a frappé le Japon, la mafia locale a vivement réagi et a fait preuve d'une grande générosité à l'égard des sinistrés. Un fait qui semble ne pas choquer dans la péninsule (qui pourrait d’ailleurs leur en vouloir pour ça ?) où toutes les couches de la population se sont mobilisées pour mener des actions d’aides aux victimes du désastre. Les organisations criminelles du pays, d'ordinaire discrètes, jouent aujourd'hui un rôle important dans l'après-séisme. Ces mafias, connues derrière le terme de Yakuzas, ont en effet envoyé dans des zones très sinistrées des vivres et du matériel de première nécessité.
Un Yakuza, il faut le rappeler clairement, est membre d'un groupe du crime organisé au Japon ou, par extension, désigne n'importe quel voyou japonais. Les yakuzas sont représentés par 4 principaux syndicats, présents sur tout l'archipel, et possèdent également des ramifications dans la zone Pacifique, en Allemagne et même aux États-Unis. Ils seraient plus de 84 700 et probablement la plus grande structure de crime organisé du monde, pourtant, ce n'est pas une organisation secrète. Ainsi, les clans ont généralement pignon sur rue, la plupart du temps sous couvert d'une structure légale de type associative, mais ils restent assez discrets. L'Inagawa-kai, le Sumiyoshi-kai, le Yamaguchi-gumi et le Tao Yuai Jigyo Kummiai (parfois appelé Tōa-kai) sont les 4 familles exerçant leur influence au pays du soleil levant. Les suffixes derrière chaque nom de famille ont tous une signification particulière. Le suffixe Gumi pourrait se traduire par « bande, compagnie, ou gang » et Kai par « association ou société ». Le Yamaguchi-gumi est la plus grande famille yakuza, avec plus de 21 000 membres, répartis dans 750 clans, soit 45 % de l'effectif total.
L'Inagawa-kai, 3e mafia japonaise, a donc fait parvenir 25 camions de vivres, de piles, et de couvertures dans la région de Tohoku pour aider les sinistrés. Un responsable des Sumiyoshi-kai, deuxième plus grosse organisation, a même offert l'hospitalité à des étrangers, ce qui contredit la réputation xénophobe de ces Japonais, traditionnellement très à droite politiquement. Les membres de l'Inagawa-Kai ont quant à eux été les premiers à investir des lieux ravagés par les inondations et la radioactivité, car le "personnel" de cette organisation est souvent issue de ces régions, durement touchées par la catastrophe. Toutefois, ils se gardaient bien de mentionner leur appartenance à la mafia, on peut le comprendre, pour éviter que les vivres ne soient pas acceptés par la population.
A noter qu'en 1995 déjà, lors du tremblement de terre de Kobe, les organisations mafieuses avaient été les plus réactives sur le terrain. Même si les vivres et le matériel de premier secours provenaient d'argent gagné de façon frauduleuse, un membre résumait la situation : "Au Japon aujourd'hui, nous sommes tous Japonais. Nous avons tous besoin de nous entraider". Cet élan de solidarité reste digne d’éloges. On ne peut qu’espérer qu’il fera des émules.