Vouloir un bébé
Ça y est, ça m’reprend. Cette envie d’être papa pointe encore le bout d’son nez. C’est quand même étrange. On devrait être conditionné pour que ça n’arrive que dans un cadre bien précis. C’est vrai quoi ! Etant célibataire, sans attache sentimentale concrète, c’est quand même idiot d’avoir subitement cette envie de pouponner un môme dont je serais le géniteur. Pourtant je le sens en moi et c’est même pas la première fois.
Certains me parleront d’une espèce d’horloge biologique. Je veux bien y croire, mais la mienne doit être déglinguée depuis des lustres, car je trouve un peu précoce qu’un sémillant jeunet de 16 piges puissent avoir des rêves de paternité de façon ponctuelle mais répétitive. Le plus épatant, c’est qu’ayant caressé très longtemps cette ambition, je n’ai toujours rien concrétisé à l’approche de la trentaine. Bon c’est vrai que la naissance de mon neveu a été un sérieux palliatif pendant quelques mois (même si par moment le palliatif en question devenait presqu’un catalyseur de ce désir de paternité). Les circonstances de sa venue au monde m’ayant données l’opportunité d’être très souvent à ses côtés lors de ses premiers mois d’existence. En parlant de ces circonstances, notons qu’elles ont provoqué un véritable tollé au sein de ma famille. Ma petite sœur si douce, sage, sérieuse, studieuse et innocente avait obtenu son bac et quitté la maison familiale pour sa 1ère année à la fac et dès le 1er semestre nous a ramené un « diplôme » inattendu. J’vous dis pas le scandale. Mon médecin de père qui n’en revenait pas que son enfant puisse pisser sur les règles de contraception dont il avait si longuement parlé (quoique j’me souviens pas qu’il nous en ait parlé de façon spécifique vu que la seule règle c’était : ABSTINENCE. Moi j’ai tout appris à l’école et à la TV, mais bon les parents n’aiment pas qu’on mette en doute leur bonne foi, donc on était tous scandalisé au même titre). Pourquoi c’était si bouleversant ? Parce que ma petite sœur qu’on croyait tellement réfléchie, rationnelle et prudente s’était laissée griser par le baratin de son copain qui lui avait assuré être passé maître dans l’art du coït interrompu (très présomptueux pour un éjaculateur précoce). De plus, craignant par la suite le courroux de notre vénéré paternel, qui dans notre enfance respectait scrupuleusement le proverbe « qui aime bien châtie bien », elle a voulu dans un 1er temps gérer le « problème » toute seule, évitant de nous en parler (même à moi le confident number one des âmes en peine de mon entourage). Elle a envisagé une IVG qui n’a pas pu se faire suite à des conflits avec son amoureux (conflits qui ont mené à leur rupture), puis elle a dû se résoudre à en parler lorsqu’une de mes tantes a décelé des signes qui l’ont poussé à l’interroger sur son état. Craignant surtout pour sa santé il a fallu se résigner à voir la grossesse se poursuivre jusqu’à son terme. Puis à la naissance du petit, lorsqu’elle a dû reprendre ses cours, ayant un emploi du temps relaxe, j’étais assigné à sa garde personnelle pendant presque toute la journée. De précieux moments que j’ai vraiment appréciés. A six mois le cycle de ses journées était régulier, on s’amusait toute la matinée après son biberon, puis à l’approche de midi il y avait la crise des couches pleines, suivie par un autre biberon et les pleurs pré-sommeil qui disparaissaient quand je le berçais contre ma poitrine avec l’album « A new day has come » de Céline Dion en fond sonore (exigence de mon p’tit prince, la voix de la québécoise semblait l’envouter). Puis il dormait jusqu’au retour de sa mamy en fin d’après-midi.
Sacrée expérience qui n’est que la partie attrayante de la charge de parent (j’ne me fais aucune illusion là-dessus) et qui a peut-être nourri cette envie qui parfois ressurgit. J’ai toujours trouvé étrange de ressentir cela, vu qu’autour de moi mes potes ne semblaient pas éprouver la même chose. Est-ce juste un de ces trucs qu’on évite d’exprimer entre mecs de peur de paraître moins viril ? Ou alors suis-je tout simplement un être à part expérimentant des besoins mal connus de la majorité des hommes ? Ce n’est que tout récemment qu’un de mes amis m’a confié son envie de faire un enfant. Mais c’est un besoin tout nouveau pour lui, pourtant on a le même âge. Maintenant avoir l’envie c’est une chose, encore faut-il réunir les paramètres pour que ça se fasse dans de bonnes conditions. Ayant évolué dans un ménage uni puis brisé par un divorce, je sais que les deux ne se valent pas. Une famille recomposée dans mon cas c’était la galère. Donc j’préfère éviter de procéder comme ma sœur (sorry frangine), j’veux assurer un minimum de stabilité et ça c’est pas évident à garantir tout le temps. De plus, financièrement il y a tellement de soucis qu’on voudrait pouvoir éviter à sa progéniture. Et l’élément clé, il faut trouver LA personne avec qui on souhaite le faire. Ce qui est loin d’être certain pour moi pour l’instant. Bah c’est clair que c’est pas pour demain qu’on passera à la réalisation de ce brillant projet, donc Isis, déesse de la maternité (bizarrement il n'y en a pas pour la paternité, c'est un comble), repasse plus tard et on verra quoi faire.