Good girl gone bad
Certains membres de nos familles n’ont jamais vraiment grandi à nos yeux, tout comme chacun de nous aux yeux de certains parents restent toujours des enfants qu’on souhaite protéger de tout et même de rien. Vous avez beau passer des mois et des années loin des vôtres, il suffit d’un séjour d’une certaine durée pour voir réapparaître des réflexes protectionnistes et autoritaires. Quand nous en sommes la cible ça peut généralement agacer et même être assez chiant. Mais on a tendance à oublier que nous avons parfois la même attitude vis-à-vis de plus jeunes que nous qui durant les années d’éloignement ont aussi fait leur bout de chemin. Et il peut arriver que ce bout de chemin soit sacrément tortueux.
L’une de mes sœurs cadettes avec qui j’avais plus eu l’occasion de vivre depuis plusieurs années m’a donné cette sensation assez désagréable. Etant en train d’achever ses années lycée avec une certaine lenteur, j’avais tout de même garder d’elle l’image de la plus jeune de la famille qui a encore l’avenir devant elle et des choses à découvrir…des choses qui ne pressent pas dans sa condition et qui auraient pu attendre encore bien longtemps. Avec une telle vision je ne m’attendais pas à ce que j’ai découvert, même si je savais qu’elle avait un caractère difficile et que ma mère n’avait pas vraiment été chanceuse avec le respect de la discipline auprès de ses filles. J’avoue avoir pris comme une claque le fait d’apprendre que ma frangine avait perdu son innocence…avait contracté une MST à un moment délicat (c’est vrai qu’aucun moment n’est vraiment approprié pour ce genre de chose quand on y repense), mais qui fort heureusement n’était pas de la catégorie des incurables et s’était tapée en moins de 4 ans 7 mecs différents (p’tain le palmarès de ouf, j’ose à peine faire mes propres comptes). Et pour rendre les choses encore plus bordéliques qu’elles puissent paraître, il semblerait qu’au moment de lui appliquer le traitement pour sa maladie on a voulu qu’elle prévienne son partenaire pour qu’il suive le même et la jeune demoiselle ignorait lequel prévenir. Lorsqu’on m’en parlait ça semblait faire rigoler le narrateur mais sur le coup j’ai eu du mal à y trouver un aspect comique.
Evidemment ce genre de situation suscite une tonne de questions. Qu’est-ce qui n’a pas marché dans son encadrement ? Les parents doivent-ils s’en vouloir ? Je parie que mon père a probablement dû l’avoir en travers de la gorge bien qu’il ait choisi de ne pas m’en parler. Pour la rigueur que je lui connais dans la majorité des choses qu’il entreprend j’ai pas bien saisi comment il a pu une fois de plus être confronté à ce que certains parents peuvent considérer comme des aveux d’échec dans leur rôle auprès de leur progéniture. Cette facilité à papillonner en pissant sur les règles élémentaires de prévention contre les maladies sexuellement transmissibles peut paraître déconcertante pour un médecin de son état qui nous a toujours abreuvés de conseils en tout genre parfois sacrément embarrassants (il y a certains sujets qu’on voudrait ne jamais avoir à aborder avec son géniteur). Mais le mal est fait et à la suite de ce qui s’était déjà produit avec la cadette qui me suit directement dans l’ordre des naissances on peut comprendre qu’en ce moment les parents soient sans voix et n’aient pas trouvé le moyen de m’en parler avant que j’sois présent physiquement pour faire certains constats.
Certains pourraient percevoir dans cette manière de voir les choses un côté vieux jeu et ce n’est probablement pas faux, mais de vous à moi, est-il sérieux de voir des jeunes passer par des voies que nous avons tous arpenter à un moment donné et avoir des attitudes et des résultats diamétralement opposés à ceux de leurs aînés ? Je ne pense pas. Mais pourtant il devient vraiment problématique d’encadrer certains jeunes et de comprendre la motivation de certains comportements à risque dans un environnement supposé réunir des éléments visant à les avertir des dangers qui guettent. On demande de dialoguer plus, de se montrer compréhensif et accessible mais malgré tout on se retrouve confronté à des conséquences d’actes irréfléchis. Si le dialogue montre des limites c’est quoi l’étape suivante ? Personnellement j’ai eu un mal fou à réprimer l’envie impérieuse de lui latter la gueule pour lui apprendre la vie. C’est peut-être pas la solution, mais bon sang ce que ça doit soulager de pouvoir lui faire ressentir dans sa chair le type de souffrances qu’elle inflige dans l’âme de ses proches. Le plus drôle (ça dépend du point de vue évidemment), c’est qu’elle se plaint désormais de la réputation de traînée que ses camarades de classe se font un plaisir de consolider par divers rumeurs. Car évidemment ce genre de conduite fait le bonheur de « Gossip Girl » et alimente les conversations lors des récrés. Et franchement, quand ça dérape déjà à ce niveau, qu’espérer de la suite ?