Les choses changent
J’ai eu l’occasion récemment de me taper des commentaires d’un chauffeur de taxi d’un certain âge que j’ai modérément apprécié. J’ne partageais pas du tout son avis et pour moi il ne faisait qu’exprimer une perception erronée que certains anciens peuvent avoir de la jeunesse actuelle. L’auteur de ces propos devait probablement avoir un âge proche du demi-siècle et estimait que la nouvelle génération était particulièrement « faible ». J’ai pas compris sur le coup pour quelle raison il trouvait les jeunes d’aujourd’hui « faibles », mais sait-on jamais, dans une certaine mesure j’aurai pu adhérer à cet avis s’il n’avait pas gâché le tout avec des explications qui s’éloignaient de ce que je pouvais présumer. Pour lui notre génération (il regroupait semble-t-il dans cet ensemble tous les moins de 35 ans) avait évolué dans une forme de facilité et de paresse qui l’avait ramollie et il ne comprenait pas pourquoi on pouvait se complaire dans les raccourcis que nous offrait l’environnement actuel.
Pour étayer son point de vu il prenait pour exemple l’usage des téléphones portables de dernières générations. Pour lui il s’agissait principalement d’un outil de travail détourné de son utilisation principale par la jeunesse actuelle qui faisait une course idiote à la dernière sortie sans avoir un réel besoin de toutes les fonctions disponibles dans ces petits engins. Mais bon sang, de quoi j’me mêle ? J’ai des moyens de m’offrir (ou de me faire offrir) un téléphone performant, que je puisse pleinement l’utiliser ou pas, en quoi ça fait de moi une feignasse ? Devrais-je me contenter d’un sémaphore en guise d’outil de communication pour démontrer à quel point j’suis un rude gaillard ? Depuis quand le fait de vivre avec les avancées technologiques de son temps doit être perçu comme une preuve de faiblesse ? A l’entendre, vu que le concept d’Internet avait par exemple un but militaire à l’origine on ne devrait pas laisser les civils s’en servir aussi librement. A quoi devrait donc servir le progrès ?
Autre exemple totalement saugrenu pris par mon noble chauffeur du 3e âge : à son époque on se rendait en classe en parcourant très souvent des kilomètres à pied et parait que la difficulté endurci. J’veux bien le croire. Surtout que mine de rien c’est un sport qui doit permettre de s’entretenir à la longue. Mais bon, le domaine des transports a connu un certain développement et le monde actuel va tellement vite que prendre du temps en s’escrimant à faire de la marche à pied sur de longues distances pour aller au boulot ou en classe peut s’avérer farfelu quand on peut faire autrement. J’aurai plutôt porté le regard sur le manque d’activité physique de manière globale au sein de certains cercles de jeunes mais le déplacement spécifique des élèves pour se rendre à l’école lorsque l’établissement fréquenté et à bonne distance c’est un peu abusé à mon humble avis.
Comme toute génération, la nôtre a ses manquements et ça n’en fait pas forcément une particularité. D’autres avant nous ont contribué à faire de nous ce que nous sommes par ce qu’ils ont bien pu nous léguer et l’exemple (pas toujours louable) qu’ils nous ont parfois donné. J’ne viendrais pas ici m’étendre sur ce qui cloche au sein de la jeunesse actuelle, mais je ne pense pas non plus qu’on devrait laisser certaines personnes qui prétendent avoir de l’expérience noircir inutilement le tableau avec des éléments qui ne reflètent que l’étendue de leur aigreur. Le monde évolue et nous cherchons tous notre voie. Pas besoin d’alimenter des frustrations avec des conceptions absurdes.